Figures du pacifisme : femmes et hommes politiques, syndicalistes, internationalistes



Louis Lecoin (1888-1971)



Promoteur en France de l'objection de conscience.
Héros de la résistance à l'Union sacrée de 1914-1918.
Il est un temps secrétaire de la Fédération Communiste Anarchiste, 1ère organisation politique libertaire en France. 
Il refusa de briser une grève des cheminots lors de son service militaire en 1910, ce qui lui vallut 6 moids de prison. Le 5 mars 1913, il est condamné à 5 de détention, libéré en 1916, il est à nouveau condamné 1 an pour "propos alarmistes". Activiste anti-militariste, il refuse son incorporation en 1917, ce qui lui vaut 5 années octroyés par le tribunal militaire de Paris.
Libéré du pénitentier d'Albert-ville en 1920, il est exclu par les communistes de la commission administrative de la CGTU, au congrès de 1922.
Il est à l'origine de la fondation de l'Union Pacifiste de France.


Madeleine Vernet (1878-1949)


Educatrice, fondatrice de l'orphelinat "L'Avenir social" en 1906. Pendant toute la 1ère guerre mondiale, elle se livre à une active propagande pacifiste. Elle recueille le fils aîné des époux Mayaux, instituteurs emprisonnés pour propagande antimilitariste. Elle organise le comité de soutien à Hélène Brion, emprisonnée pour les mêmes raisons. En 1916-1917, elle collabore à CQFD de Sébastien Faure. En 1918, elle fait une tournée de conférences sur la laïcité menacée., ce qui vaut une inculpation pour propos défaitistes. L'armistice met fin aux poursuites.
En 1935, elle siège au comité directeur de la "Ligue Internationale des Combattants de la paix" (1931-1939).


Sébastien Faure (1858-1942)


JPEG - 134.9 ko


Orateur anarchiste réputé et vivant de ses conférences, il est une figure marquante du "Procès des Trente" (cf. lois scélérates) en 1894. En 1895, il fonde avec Louise Michel le journal "Le Libertaire".

Pédagogue libertaire, il fonde en 1904, à Rambouillet, l'école "La Ruche" qui perdurera jusqu'en 1917. Cette école s'inspire en particulier de l'Ecole moderne, fondée en 1901 à Barcelone par Francisco Ferrer.
Lors de la déclaration de guerre en 1914, il édite un tract intitulé "Vers la paix", appelant à une médiation des pays neutres. En 1916, il fonde "CQFD", journal contestataire et antimilitariste.
Libre penseur, il est l'auteur du livret "Douze preuves de l'inexistence de Dieu" et l'initiateur de "L'encyclopédie anarchiste".

Hélène Brion (1882-1962)


Institutrice anarcho-syndicaliste, féministe et pacifiste. membre du "Comité pour la reprise des relations internationales", surveillée de près, la police l'empêche de se rendre aux conférences de Zimmerwald et de Kienthal. Arrêtée le 26 juillet 1917 pour "trahison", elle est incarcérée à la prison Saint-Lazare. Le Conseil de guerre tenu en mars 1918, la condamen à trois ans avec sursis et à être révoquée de l'enseignement. Elle sera réintégrée en 1925.
Lors de son procès elle déclare :
« L'accusation prétend que sous prétexte de féminisme, je fais du pacifisme. Elle déforme ma propagande pour les besoins de sa cause : j'affirme que c'est le contraire (...) Je suis ennemie de la guerre parce que féministe, la guerre est le triomphe de la force brutale, le féminisme ne peut triompher que par la force morale et la valeur intellectuelle. Il y a antinomie entre les deux (...)»


Paul Véber (1892-1928)

Ouvrier tôlier, secrétaire du Syndicat des métaux CGT. En 1915, avec sa Fédération il prend publiquement parti contre la guerre. Il réussit à participer à la réunion de Zimmerwald et signe l'appel  "A ceux qui sont restés fidèles aux nobles idées de fraternité humaine". En 1917, il organise la réalisation et distribution de tracts libertaires dénonçant à la fois la guerre et portant les revendications sociales ouvrières. En juin 1919, il anime la grande grève de la métallurgie parisienne.

Marie Mayoux (1878-1969)

Institutrice, pacifiste et antimilitariste française. En 1905 avec son mari, elle est parmi les fondateurs de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs (FNSI) qui publiera la revue L’École émancipée.
En juin 1915, elle est l'auteure du Manifeste des instituteurs syndicalistes publié sous le titre « Les Instituteurs syndicalistes et la guerre » par la section de la Charente de la Fédération Nationale des Syndicats d’Institutrices et d’Instituteurs publics. Ce texte rappelle la liberté de conscience des instituteurs et l’impossibilité pour eux de devenir des « bourreurs de crânes ». Syndicaliste révolutionnaire, elle s'affirme socialiste internationaliste avant de se rapprocher dumouvement libertaireEn 1917, avec son mari François Mayoux, elle est condamnée à deux ans de prison pour « propos défaitistes ».


Pierre Ruff (1877-1945




Professeur de mathématiques, en 1907, il est condamné à trois ans de prison pour "provocation à la désobéissance de militaires".

Arrêté en 1912 pour une affiche contre la conscription, il écope de cinq années d'emprisonnement. A peine libéré en 1916, il est réincarcéré pour le tract "Imposons la paix", réalisé avec Louis Lecoin.

En novembre 1929, sa nécrologie sur Clémenceau lui vaut 6 mois de prison : "Ce sinistre vieux est mort" !
Déporté en 1942, il est envoyé au crématoire la veille de la libération du camp (Neuengamme) par les américains.

Bertha Von Suttner (1843-1914)


Issue de la haute aristocratie austro-hongroise, Elle a été vice-présidente du Bureau international de la paix de sa création en 1892 à sa mort en 1914.
En 1890, elle écrit un deuxième roman « A bas les armes », roman résolument pacifiste qui dénonce tous les effets de la guerre.
Elle prend alors la décision de participer au 3° Comité International de la paix à Rome en 1891 à la tête du Comité d’Autriche Hongrie. Ce Comité n’existant pas, elle va le créer. Pour cela, elle lance un appel dans un journal de Vienne qui défend les valeur de la gauche bourgeoise (laïcité, éducation…) En 2 mois, elle réunit 3000 adhérents à ce Comité dont elle prend la présidence. 
Parmi les « grands hommes » qui ont œuvré pour la paix et le désarmement, une femme, Bertha von SUTTNER est une figure emblématique et incontournable de l'action pacifiste, visionnaire, première femme à avoir reçu le prix Nobel de la Paix en 1905.


André Roulot, dit Lorulot


Image illustrative de l'article André Lorulot


Il est emprisonné en 1905 pour avoir sifflé au passage du roi d'Epagne, 

Exempté en 1906 pour affection cardiaque, il sera plusieurs fois condamné pour ses conférences anticléricales.

En 1919, il fonde l'Idée Libre et devient le propagandiste de la Libre Pensée, fédération qu'il dirigera de nombreuses années.

Paul Signac (1863 - 1935)


Artiste peintre très indépendant, il reste fidèle à ses idées et fustige l'Union sacrée en 1914.

Il cosigne le manifeste "La paix par les peuples" au printemps 1916, s'opposant au "manifeste des seize" (va t'en guerre), porté par diverses personalités du mouvement libertaire, dont Pierre Kropotkine.


Joseph Caillaux (1863 - 1944)



Elu député en 1898, il sera ministre des finances en 1901.

Premier ministre radical en en 1911, il devient la bête noire des nationalistes pour ses propos pacifistes.

Accusé de trahison, il est arrêté à la demande de Clémenceau, en janvier 1918 pour "intelligence avec l'ennemi et complot contre la sûreté de l'Etat".
Son crime : avoir proposé une paix sans annexion ni indemnité !
Il sera réhabilité en 1925.


Jeanne Morand

En août 1914, elle se réfugie en Espagne avec son compagnon Jacques Long.
Elle revient en france en 1915 pour aider les anarchistes à se soustraire à l'incorporation et propager l'antimilitarisme. Alors qu'elle est réfugiée en Belgique, elle est condamnée à à la détention perpétuelle pour "intelligence avec l'ennemi".
En mars 1921, avec son compagnon, elle fonde le bureau international antimilitariste à la Haye.
Elle rentre en France et se constitue prisonnière le 10 avril 1922, en faisant appel du 1er jugement.
Sa condamnation est ramenée à 5 ans de prison pour "appel à la désertion".
Au juge qui l'accuse d'être antipatriote, elle répond :
"Empêcher la mort de jeunes français est un acte plus patriotique que de les y envoyer".
Graciée, elle est libéré en le 29 août 1924.

Clara Zetkin et Rosa Luxemburg
     Clara Zetkin et Rosa Luxemburg

Militante allemande qui s'inscrit dans une perspective révolutionnaire et convoque une Conférence Internationale des femmes socialistes en 1907 et 1910. Elle est emprisonnée en 1915 pour ses convictions pacifistes et joue avec Rosa Luxemburg un rôle essentiel dans la création du Parti communiste allemand.

Alphonse Merrheim (1871 - 1925)


Il est syndicaliste révolutionnaire secrétaire de la fédération des métaux CGT.
Suite à l'adhésion de la CGT à l'Union sacrée, il est un des premiers syndicalistes à s'opposer à la guerre, et il organisera en 1915 la première manifestation pacifiste en France.
Il participe à la conférence de Zimmerwald (1915) en tant que délégué


Alfred Rosmer (A. Griot) (1877 - 1964)


Lors de la déclaration de guerre en 1914, Rosmer et Pierre Monatte sont en désaccord avec la politique de l’union sacrée. Ils refusent de soumettre à la censure la VO, qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste. Il organise la diffusion clandestine en France de l'« Au-dessus de la mêlée » publié en Suisse, par Romain Rolland

Adolf Hoffmann (1858 - 1930)


Membre du conseil municipal de Berlin à partir de 1900, il fut député au Reichstag de 1904 à 1906.
En 1915, Adolf Hoffmann représenta avec Georg Ledebour les socialistes pacifistes allemands à laconférence de Zimmerwald


Karl Liebknecht (1871 - 1919)


Membre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) comme son père Wilhelm Liebknecht, il s'engagea pour le droit d'organisation des jeunes dans des organisations politiques et surtout contre le militarisme. Son livre Militarisme et anti-militarisme entraîna un procès et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il fut élu député au Reichstag.
En raison de son opposition à la Première Guerre mondiale, il fut emprisonné et exclu du SPD. Il a cofondé avec Rosa Luxemburg la Ligue spartakiste, puis le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Deux semaines après la formation de ce dernier parti, il fut assassiné avec Rosa Luxemburg lors de la répression de l'insurrection de Berlin

Franz Mehring (1846 - 1919)


Pendant la Première Guerre mondiale Mehring s'éloigne du SPD. Il s'oppose à la guerre, et refuse de voter les crédits militaires. En 1916, la Ligue spartakiste, une faction marxiste révolutionnaire, est fondée et Mehring en est l'un des principaux animateurs aux côtés de Rosa LuxemburgKarl Liebknecht,Leo JogichesPaul Levi et Clara Zetkin.
Il est l'un des fondateurs du Parti communiste d'Allemagne (Kommunistische Partei Deutschlands, KPD), créé le 1er janvier 1919.
Malade, déprimé par l’assassinat de son amie Rosa Luxemburg le 15 janvier, il meurt le 29 janvier à Berlin, au cours de la révolution allemande.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire