Strophe
1
Vous
aimez glorifier à chaque onze novembr'
Cett'
chèr' « Union
sacrée »,
conservée sous
la cendr'
Encor'
chaud' des charniers où la class' ouvrièr'
paye
éternellement vos folies meurtrièr'.
Pas
de fleur au fusil, en pantalon garanc'
Des
mômes de vingt ans avec la peur au ventr',
Au
beau temps des moissons, partaient tous pour Berlin
Mourir
pour l' Capital, comm' leurs frères prussiens.
Jamais
vous ne parlez de ces homm' pris au pièg',
La
parole muselée grâc' à l' « Etat
de sièg' »
Offrant
aux généraux le pouvoir nécessair'
D'
fusiller sans procès des centain' d' réfractair'.
Refrain
La
nuée porta l'orag', en 14, fin juillet
Quand
Jaurès fut le tout, tout premier fusillé,
Quand
Jaurès fut le tout, tout premier fusillé...
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
Strophe
2
Georges crevait
de peur, tout seul dans sa tranchée,
Abandonnant
son post', sans but s'en va marcher.
Crevant
toujours de peur, adossé au poteau,
Il se pisse
dessus, se fait trouer la peau.
L'articl' deux
cent dix huit du code militair'
Traite des
insoumis, dit comment les fair' tair'.
Six balles de
révolver, un frêle corps s'écroul' ;
C'est ainsi que
périt à dix-neuf ans, Raoul.
Combien d'
horreurs vécues, quelles circonstances
Amèn' à ce
qu'un homm' s'injecte de l'essenc' ?
Mais pour le
médecin, l'automutilation
Du soldat
Henri, exig' son exécution.
Refrain
Des
badernes galonnées planquées loin d' la bataill'
Firent
abattr' sans remords des homm' comm' du bétail,
Firent
abattr' sans remords des homm' comm' du bétail...
...Pour
exemple
...Pour
exemple
...Pour
exemple
Strophe
3
Combien
d'hommes abattus sans mêm' être jugés ?
Combien
d'hommes innocents dans vos semblants d' procès ?
Si vous aviez
pu le fair' vous auriez fusillé
Ceux qui par la
pensée essayaient d' déserter !
Combien
d'hommes victim' d' la machin' judiciair',
Les obligeant
de tuer leurs camarades, leurs frères
Avec qui la
veille ils parlaient de liberté,
De paix, de
pacifism', d'amour, d'humanité ?
Les prêtres
qui comm' vous, haïssent tant la gueus'
Vous ont même
prêté une Eglis' dans la Meus' ;
Image éternelle
du sabr', du goupillon
Rêvant d'
soumettr' les homm', d'leur coller des bâillons.
Refrain
Difficile d'
fusiller des millions d'homm' apeurés !
Deux-mille
quatr' cents homm' furent donc condamnés.
Deux-mille
quatr' cents homm' furent donc condamnés...
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
Strophe
4
Les homm'
tombent bien loin des salons de Bordeaux
Où Pétain
prépar' avec quelques généraux
Une prochaine
guerr', d'autres chemins des Dam'
Pour construire
l'Europ' dans le fracas des arm'.
Contre la
barbarie qui partout s'éternis'
Partout dans
les tranchées des hommes fraternis'.
La chanson de
Craonn' et l'appel des soviets
Crient fort :
« Non à la guerr' !» en ce printemps dix sept.
Et ce sont les
troufions qui se déclar' en grèv',
C'est enfin de
l'espoir à la place du rêv',
C'est l'appel
de Kiental qui est enfin entendu,
Ce sont les
cross' en l'air, c'est l'honneur des poilus.
Refrain
Alors que de
partout les soldats se mutin',
Vous fusillez
encor' au camp de la Courtin',
Vous fusillez
encor' au camp de la Courtin'...
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
Strophe
5
Quel est donc
ce pays, quelle est cett' Républiqu'
Qui préfèr'
glorifier avec la Sainte cliqu'
L'horreur d'une
guerr' inscrivant sans remords
Des millions de
noms aux monuments aux morts ?
Tombés au
front ou par vos balles fusillés
Les hommes
eurent la même pein', le mêm' prix à payer
Pour que sur
les boul'vards, comm' le dit la chanson
les gros tirent
profit de leur chair à canons.
Tous ces hommes
sont morts sans laisser d'notes de frais
Et vous n'
chiffrez jamais l' sang qu'ils vous ont versé !
Il faudra bien
qu'un jour, si possible demain
La note vous
soit remis' par tout le genre humain.
Sachez que vous
aurez, vous, droit à un procès !
A votre avis
quel prix il vous faudra payer ?
A votre avis
quel prix il vous faudra payer ?...
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
...Pour
l'exemple
Strophe
6
Que vos guerr'
chang' de nom, se dis' humanitair'
Ce sont les
mêm' bourreaux de la class' ouvrièr',
Les Thiers, les
Clémenceau jetant en foss' commun'
Jean Jaurès
avec tous les enfants d' la Commun'.
Vos monuments
aux morts flatt' les militarist'.
Nos monuments à
nous honor' les pacifist' ;
Orphelins de
Gentioux, de Saint-Martin d'Estreaux
Vous ont jugé
coupabl', vous et vos généraux.
Six cent
cinquant' soldats abattus par la Franc'
Attend' qu'on
reconnaiss' leur liberté d' conscienc',
Qu'enfin soit
reconnu le refus d'obéir,
Le droit de
vivre libr', pas celui de mourir !
Refrain
Pour que
l'Histoire cess' d'être salie, souillée,
Vous
réhabilit'rez tous les homm' fusillés,
Vous
réhabilit'rez tous les homm' fusillés...
...pour
l'exemple
...pour
l'exemple
...pour
l'exemple
poème de Michel Di Nocera
déposé à la SACD